NOTES
Ces lignes et, au paragraphe précédent, la mention de la découverte faite au couvent de Corwey, viennent du Dictionnaire de Chaudon et Delandine à l'article TACITE: « [...] Nous avons de Tacite: I. Un Traité des Moeurs des Germains. [...] II. La Vie de Cn. Julius-Agricola, [...] . III. Histoire des Empereurs; mais, de vingt-huit ans que cette Histoire contenoit, (depuis l'an 69 jusqu'en 96), il ne nous reste que l'année 69 et une partie de 70. IV. Ses Annales: elles renfermoient l'Histoire de quatre empereurs, Tibère, Caligula, Claude, Néron. Il ne nous reste que l'Histoire du premier et du dernier, a-peu-près entière; Caligula est perdu tout entier, et nous n'avons que la fin de Claude. On a trouvé les cinq premiers livres des Annales dans l'abbaye de Corwey en Angleterre.
L'empereur Tacite, qui se faisoit honneur de descendre de la famille de l'historien, ordonna qu'on mit ses ouvrages dans toutes les bibliothèques, et qu'on en fit tous les ans dix copies aux dépens du public afin qu'elles fussent plus correctes. Cette sage précaution n'a pas pu néanmoins nous conserver, en entier, un ouvrage si digne de passer à la postérité. [...]
On peut reprocher cependant à cet historien si vrai d'avoir adopté trop légèrement les préjugés de sa nation contre les Juifs et les Chrétiens. Il prétend que les premiers adoroient une tête d'âne, parce que se trouvant pressés d'une soif excessive dans les déserts de l'Arabie, après avoir été chassés de l'Egypte, ils n'avoient trouvé de l'eau que par le moyen de quelques ânes sauvages qui leur indiquèrent la source où ils alloient se désaltérer. Cette fable grossière étoit tellement accréditée, que Plutarque, et quelques auteurs païens l'assument comme une vérité. Les Chrétiens, étant confondus par les Romains avec les Juifs, passèrent aussi pour adorer une idole sous la forme d'un homme avec des oreilles et les pieds d'un âne. C'est ainsi,selon Terlullien, que le représentoit un tableau exposé à Rome sous l'empire de Sévère, avec cette inscription, le Dieu des Chrétiens ongle d'âne. Tacite ne parle point de cette insolente calomnie des païens; mais il peut y avoir donné lieu par ce qu'il dit lui-même sur les Juifs. »